Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

« Le devoir d’un révolutionnaire, c’est la lutte toujours, la lutte jusqu’à extinction ».

Auguste Blanqui

Qu’a-t-on rectifié en Mauritanie depuis ce petit matin de 6 Août 2008 ? Pas grand-chose. L’arrivée au pouvoir du Président de la République, Mohamed Ould Abdel n’a pas apporté, finalement des grandes mutations dans les mœurs et les coutumes connues. Au contraire, sa façon de diriger le pays nous ridiculise de l’intérieur comme à l’extérieur. S’il eût à rectifier, c’est sans doute ce fameux communiqué mettant fin à ses fonctions militaires ainsi que certains généraux. Mais depuis, les citoyens mauritaniens subissent un forcing étatique aux allures soldatesques. Pire encore, son régime nous rappelle celui de son mentor Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya. Car les agissements d’ Ould Abdel Aziz confinent à ceux des dirigeants autoritaires aveuglés par le pouvoir. L’homme a pris les rennes du pouvoir pour « rétablir l’ordre », aujourd’hui, le désordre nous envahit sur tous les plans. Il était soutenu par l’institution militaire pour battre et repousser la menace terroriste, les éléments d’AQMI investissent notre territoire national et font d’un gendarme un otage. Ce qui est somme toute une défaite en soi pour nos forces armées soutenues becs et ongles par la France et les Etats-Unis. Son discours salvateur adressé aux pauvres au lendemain de son putsch s’est avéré impuissant.

Les cris de désolation de la population se font entendre de tous les horizons. Toutes ses promesses électoralistes se sont transformées à un cumul des souffrances. Le taux de chômage s’accroit de quelques points et le taux de la pauvreté stagne depuis 2009. Tous ces indicateurs justifient les manifestations à Nouakchott comme à l’intérieur du pays. La rue est devenue la seule forme de la dénonciation de l’injustice sociale. Les pauvres, ses anciens amis, s’appauvrissent au même moment où sa grande famille s’enrichit par l’octroi des projets de l’Etat et le favoritisme. L’argent du contribuable sert son clan familial et à la promotion sociale de ses soutiens politiques. Et quand la jeunesse sort pour crier son ras-le-bol, on ordonne la police de réprimer sans aucune vergogne.

Cette police qui évolue dans la corruption et le clientélisme. Cette police ignorante et qui violente ses propres textes fondateurs allant jusqu’à pénétrer à l’enceinte du campus universitaire et des facultés pour déloger des étudiants et les conduire en prison. Cette police qui tabassa le porte-parole du Syndicat national des étudiants mauritaniens (Snem) l’étudiant Ndiaye Kane Sarr jusqu’à lui fracturer le bras. Tout le monde a visionné ces honteuses scènes d’humiliations infligées à certains militants du mouvement de la Jeunesse du 25 Février sur la Place des Blocs rouges. Quant aux citoyens noirs, on les ordonne de les tuer. Le sang noir parait encore être licite dans ce pays on trouve à tout une justification religieuse. C’est ainsi qu’à Maghama un gendarme tire à bout portant sur un adolescent, Lamine Mangane (19 ans). Et à Nouakchott, on déchiquette sauvagement la main de l’artiste-rappeur, Abou Fall le jour de notre fête nationale.

A la mort de Lamine Mangane, s’y ajoute la torture de Bocar Bathily à Keadi. C’est dans les mêmes circonstances, les forces de l’ordre martyrisaient la capitale du Gorgol. Le déploiement des forces militaires ont aussi semer la peur et la panique dans toute la vallée du fleuve. Si le Président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi voulait à tout prix se défendre et s’assurer de la sécurité du pays, le régime d’Aziz monnaie la violence et s’acharne contre son propre peuple.

En effet, tous les ingrédients du post 06 Août sont réunis sauf un petit détail en l’occurrence la fronde des députés. Cette fois, les plus solvables parmi les élus sont du coté du peuple. Les idéologues de la grande muette au sein de l’Hémicycle n’ont pas bonne presse. Ils peinent à faire prévaloir leurs élucubrations. Ce qui constitue sans aucun doute un véritable danger au pouvoir sur place.

Car de ce fait, les forces vives n’ont qu’à converger les luttes par le raccordement des idées et des intérêts communs loin de tout esprit dirigiste, autoritariste et ségrégationniste. Face aux dégradations économiques et sociales qui minent le pays va-t-on assister au renforcement de cette situation chaotique, ou à une grande poussée révolutionnaire ? En Mauritanie, dans un sens ou l’autre, l’avenir sera certainement radical.

Cette convergence peut se manifester par des alliances et des rapprochements en vue de la mobilisation des masses opprimées. D’aucuns n’ignorent les injustices infligées aux noirs. Car en plus de l’éternelle discrimination raciale et l’oppression s’ajoutent de nouvelles formes de marginalisation de ces derniers à travers l’opération d’enrôlement à vocation administrative. La seule façon de plier le pouvoir actuel, c’est le maintien de la pression par la rue.

Tous les observateurs considèrent, qu’une nouvelle alternative de la désobéissance civile est plus que jamais imminente. Car l’acharnement des autorités vis-à-vis des opposants du système et les ruptures sont arrivés à un point non retour. Les tentatives d’assassinats du Président d’Ira, Biram Dah Ould Abeid, les nouvelles découvertes des cas d’esclavage, le mandat d’arrêt international contre l’opposant Moustapha Ould Chavi , la révolte de la jeunesse noire et l’acharnement contre les islamistes sont des preuves de la restriction et de la violation des droits l’homme en Mauritanie.

Pour finir, il convient de lancer à l’adresse de nos dirigeants que nul n’est encore perdu. Dans un régime démocratique, l’Etat devrait accorder plus de libertés à son peuple dans lequel le droit de s’associer, de manifester et de se réunir reste inviolable. La restriction des droits individuels est une marque de dictature digne d’un autre âge. Pour conserver encore son fauteuil, le Président de la république se doit d’écouter la rue et non le petit idéologue caché derrière des théories déchues. Et dorénavant, la paix sociale de la Mauritanie réside dans le strict respect et la réalisation des doléances de la jeunesse noire. En attendant la convergence des forces, il faut savoir que militer contre les injustices, c’est tout simplement refuser son conditionnement. Par contre, se résigner en temps d’oppression, c’est cautionner l’abrutissement par l’actuel système.

Bâ sileye

Commenter cet article